Les anthropologues et les ethnologues ont vite contredit l’éventuelle mondialisation du complexe œdipien : les mœurs formatrices et sexuelles de vraies ethnies, surtout matriarcales, n’y sont pas souhaitées. Sauf si notre conception de l’hypothèse de Freud soit trop serrée.
Les fables freudiennes, et notamment celui du complexe œdipien, sont-ils mondiaux ? La question est très mal posée. D’un côté, on peut tomber d’accord sur le fait que le terme « universel » est une catégorie provenant de la logique classificatrice péripatéticienne et qu’à cet effet elle ne remplacer une catégorie évocatrice comme celle de « réalité du monde » ou de « fait universel. Il serait plus agile et plus franc de présupposer que, si l’œdipe donne à chacun ce bénéfice d’humanité découlant du fait qu’il assure son psychasthénie et son apprentissage aux lois du langage, donc il permet à chacun d’accéder à sa condition mondiale, qui est celle de l’humain parlant et vivant quel que soit où il se trouve.
Des débats qui ont commencé vers 1920
La discussion toutefois ne peut s’arrêter à cet utopisme qui fait du complexe œdipien le cogito laïc de toute portée qui considère son désir spontané. A partir des années 1920, ce terme de « complexe œdipien » s’est retrouvé dans un quiproquo terrible qui matérialisa les méprises entre analyse et anthropologie. Le cas de l’universalité d’un tel complexe se trouva dans la confusion avec celle de sa mesure partout identifiable, ce qui bien évidemment était chimérique. Des débats commencèrent au milieu des années 1920, entre l’anthropologue Bronislaw Malinowski et le psychanalyste Ernest Jones, et ils continuèrent par les déplacements de terrain du psychanalyste et anthropologue Géza Róheim. Malinowski apprenait les mœurs, Róheim les productions de l’imaginaire
Malinowski a concentré une part importante de ses recherches à l’analyse de la sexualité, comme l’explique l’un de ses livres les plus connus, La Sexualité et sa répression dans les sociétés primitives.